Réussir » une prise de son de batterie
c’est un exercice souvent périlleux car cet instrument comprend de multiples sources et il est facile de se perdre. Avant tout, et cela est valable pour toute prise de son musicale, il y a un musicien, son instrument et son environnement. Il est indispensable de travailler en amont avant de procéder à l’enregistrement.
1. Le choix des éléments
Ce choix (grosse caisse de 20 ou 24 pouces, caisse claire bois ou métal, Peaux « hydraulic » ou peaux blanches, ride de 18 ou 20 pouces…) est déterminant, car à part quelques exceptions, la batterie est instrument d’accompagnement. Elle doit donc être en symbiose avec le reste du groupe. De plus, comme tout instrument acoustique, sa sonorité sera dépendante du lieu de captation. Il n’y a donc pas de règle mais un tas de solutions à tester.
Notre travail consiste à restituer le son et le jeu du batteur de manière fidèle
(sauf dans certaines productions que nous verrons plus tard) et ce n’est pas simple, vu le nombre de sources.
Il est nécessaire de commencer par écouter l’instrument avant de placer ses micros. Éventuellement déplacer la batterie dans la pièce (plus au centre, plus près d’un mur mat ou réfléchissant…) et évacuer tout ce qui peut produire des vibrations parasites (éléments de backline inutiles, vieille gazinière en attente d’un dernier voyage vers le recyclage…).
Intervient aussi le problème de réglage de la batterie et son accordage, voici les questions à se poser :
- Tension de la peau de frappe ?
- Faut-il laisser ou ôter une peau de résonance ?
- Retendre le tom bass ?
- Le son naturel de la batterie doit en tout cas être cohérent avec le projet !
Puis concentrez-vous sur les résonances sympathiques
Elles ne le sont d’ailleurs pas forcément :
- Timbre de caisse claire vibrant sur les coups de grosse caisse,
- Floor tom faisant apparaître une harmonique sur le tom médium, etc…
- et sur les vibrations parasites de la batterie elle même : pieds de grosse caisse ou de charley mal graissés, tirants dévissés… tout est possible !
Vous aurez bien entendu, préalablement discuté avec le batteur et le groupe, ce qui guidera (normalement) vos choix de prise de son.
2. Les Différents types de prise de son de batterie
La prise de son de batterie “Minimaliste”
un micro grosse caisse, deux overheads, une paire d’ambiance stéréo
Très utilisé en jazz ou en chanson, ce type de prise de son ne supporte pas la médiocrité :
- la sonorité de la batterie et le jeu du batteur doivent être impeccable
- la cabine de prise de son sans défaut majeur et de taille relativement grande pour profiter des ambiances.
- La part de modification lors du mixage sera extrêmement réduite : si un élément sonne comme un tas de boue, il faudra corriger l’ensemble de la prise de son, ce qui est toujours dangereux voir impossible.
Contrairement à l’idée reçu, ce n’est pas une solution de facilité. De plus, le choix et le placement des micros devra être fait avec beaucoup de soin.
La prise de son de batterie “Standard”
un ou deux micros grosse-caisse, deux micros caisse-claire, un micro charley, un micro par tom, une paire d’overhead, une paire d’ambiance stéréo
La prise de son la plus courante, elle permet :
- de ré-équilibrer les sources les unes par rapport aux autres
- d’affiner l’égalisation de chaque élément ainsi que leur traitement dynamique
- de modifier la spatialisation, l’image stéréo…
- Elle offre une certaine souplesse, sous réserve de précautions que nous verrons plus loin.
La prise de son de batterie “Mégalo”
2 ou 3 micros grosse-caisse, deux ou trois micros caisse-claire, un micro charley, deux micros par tom, un micro par cymbale, deux ou trois paires d’ambiance stéréo
Pourquoi pas ?
- Pas vraiment simple à gérer au mixage
- Gourmand en piste
- Quasi ingérable au niveau des phases (les fameuses précautions!)
Cependant, en étant raisonnable, ce type de prise de son peut avoir un certain intérêt : vous n’êtes pas obligé d’utiliser toutes les pistes au mixage mais si vous en sentez le besoin, elles sont là.Pour finir, vous pouvez tout mettre dans un shaker, et voir ce qu’il en ressort :
- 1 micro grosse-caisse
- 3 micros caisse-claire
- 1 overhead
- 2 paires d’ambiances.
Vous avez le droit !
3. Les précautions à prendre
Un petit peu de théorie ne nuit pas…
Quelque soit le type de prise de son que vous allez choisir, vous serez confronté aux problèmes de phase, lié à la distance entre les micros sur une même source (la batterie dans son ensemble pouvant être considérée comme une seule source).
L’exemple le plus connu étant la prise de son d’une caisse-claire dessus/dessous :
- L’impact sur la peau sera capté quasi instantanément par le micro de dessus
- Mais dans le micro de dessous, distants de 30 ou 40 centimètres, le même impacte arrivera plus tard.
- Les micros seront dits déphasés et la somme produira un son altéré.
Pour être simple, prenons une source dans sa plus simple expression, à savoir une sinusoïde. Comme le montre le schéma (dont l’ordonné est l’amplitude et l’abscisse le temps) la somme de deux signaux identiques en phase est le même signal perçu comme plus fort. Décalés de 180°, nous avons une annulation pure et simple du signal. Le cas qui nous intéresse est le troisième, qui correspond à un signal existant mais différent.
Bien entendu, le son d’une batterie est bien plus complexe mais l’incidence est la même car sans entrer dans des notions complexes (disponibles par ailleurs), la phase, le temps et la distance sont liés. Il faut retenir que la célérité du son est de 340m/s à 20°c, le décalage est de 3ms pour 1m. Soit environ 1ms pour 30cm. Ce délai inaudible pour notre oreille est pourtant crucial en terme de phase.
Il est aussi important de noter que si ces oppositions de phase sont particulièrement perceptibles dans le bas du spectre (car dépendantes de la longueur d’onde et de la période), elles sont néanmoins présentent sur l’ensemble du signal. Le résultat pour le médium et l’aiguë pourra se manifester par une image stéréo flou ou un son terne, ou agressif. Dans tous les cas, bien loin du ressenti du batteur ou un d’un auditeur situé devant la batterie.
L’exercice le plus simple pour la mise en évidence reste donc la caisse-claire et ses 2 micros
- Vous devez disposer sur vos pré-amplis ou sur votre console d’un bouton « inversion de phase » (rotation à 180 degrés)
- Ecoutez en mono la somme de vos deux micros
- Enclenchez et dés-enclencher l’inverseur de phase sur le micro de dessous
A part si vous avez un problème de connectique dramatique, le son avec l’opposition de phase enclenché sera beaucoup plus riche, beaucoup plus naturel.
Ce problème se posera sur toute vos sources :
- Entre vos micros de proximité et vos overhead
- Entre vos micros dessus/dessous sur vos toms
- Entre vos deux micros grosse- caisse
- Entre vos ambiances et le reste de la batterie.
Prenez le temps d’essayer d’autres placements de micro (il suffit parfois de décaler de quelques centimètres un micro par rapport à l’autre), supprimez ceux qui vous sembles inutiles…
Un autre problème peut aussi apparaître avec vos overheads
- Suivant leurs placement, le panoramique que vous allez leurs appliqués et leurs volume dans votre mixage final, il arrive que l’image stéréo devienne instable.
Le résultat le plus flagrant s’entend sur la caisse-claire : à chaque impacte, le son semble partir du centre pour finir sur un coté. Cet sorte auto-pan involontaire est très pénible et parfois difficile à diagnostiquer. Pensez-y à la prise de son, car au mixage vous serez coincé.
Nous avons cependant de la chance dans notre malheur
Toutes les DAW actuelles vous permettent de déplacer vos fichiers de manière suffisamment précise pour recaler vos sources. Mais attention, le résultat peut être atroce. Je ne serais trop vous conseillez de toujours travailler sur des copies de vos projets et de garder vos sources bien à l’abri. Parfois un nombre d’undo illimité ne suffit pas !
Pour finir, votre goût peut aller vers un son « tout phasé ». Bien étriqué, instable, sans teneur. Personne n’a la Vérité !
Réponses
Bonjour Jérémy, voici la réponse de François Carle, auteur de cet article :
ton problème peut avoir bien des causes.
Pour commencer, es-tu content du son de ta grosse caisse “au naturel” ?
Cette grosse caisse est-elle de bonne qualité ?
Si tu n’es pas sûr, et si tu ne l’as pas déjà fait, essaie avec une autre grosse caisse.
Je te conseillerais de vérifier la tension de la peau de frappe et son accordage avec la peau de résonance.
Ensuite, y-a-t-il un évent ?
de quel taille ?
n’as-tu pas mis trop d’absorbant (couverture, coussin..) à l’intérieur ?
Si ta source n’est pas bonne, tu ne pourras rien faire (à part trigger…)
Pour la prise de son :
Place le milieu de ton micro dans l’évent, au niveau de la peau de résonance. C’est normalement là que tu auras le meilleurs rapport kick/épaisseur.
Pour ton kit micro, sans aucune condescendance, j’ai regardé sur Thomann et 145€ pour 6 micros, ça me parait douteux.
Voici une petite liste de micros que nous utilisons en pro :
D112 AKG, Beta52 et Beta 91 Shure, D6 Audix, M88 beyer… mais ces micros coutent tous entre 200 et 300€ pièce et ce sont les moins chers.
Ils sont typé en terme de couleur sonore et c’est pour ça que nous les avons tous. Nous choisissons le micro en fonction de l’instrument et du
rendu recherché.
Enfin, pour le mixage et si tu as résolu les problèmes précédents, voici quelques pistes :
Attention, je ne connais pas le style musical de ton projet. je resterais donc très généraliste.
Egalisation :
Il y a quasiment tout le temps un coté “carton pate” sur le son d’une grosse caisse.
Il se situe entre 200 et 500Hz. Passe un eq paramétrique en positif (+9dB en faisant attention au volume de tes écoutes).
Cela fera ressortir le coté “Pocpoc”. Lorsque tu as trouvé cette fréquence, passe ton eq en négatif en étant raisonnable.
Pour la dynamique, toujours en fonction de ta source, une bosse autour de 1kHz peut être agréable. Si cela ne marche pas,
essaie vers 4 kHz. Tu peux aussi (nous le faisons souvent) placer un eq en shelf sur l’aiguë en partant de 5kHz et en balayant jusqu’à 10kHz de manière
à faire ressortir le kick.
Enfin, si tes enceintes te permettent de l’entendre, une petite bosse vers 100 Hz (ou même 50Hz parfois) te ramènera un
grave qui peut être précieux.
Traitement dynamique :
A part quelque cas assez rare de nos jours, il faudra compresser ta grosse caisse.
Temps d’attaque assez court mais pas trop pour ne pas détruire les transitoires : entre 5 et 10ms
temps de relâchement : entre 10 et 100ms
ratio : entre 2 et 10:1 suivant ton style (10:1 pour du métal me parait correct !)
Threshold : en fonction du niveau de ta prise de son et l’effet recherché ; veux-tu compresser tous les coups ou seulement ceux qui dépassent ?
Si d’autres instruments jouent dans le grave en même temps que ta grosse caisse (ce qui arrive souvent…), tu peux utiliser la fonction side-chain
de ton compresseur. Par exemple, tu inserts un compresseur sur ta basse et ce compresseur sera déclenché par les coups de grosse caisse.
Cela aura pour effet de “rentrer la basse” et de laisser de l’air à ta grosse caisse.
En dernier recourt, si tes prises de son sont déjà faites, tu peux utiliser un transcient designer (SPL, Wave..). Ce traitement travail sur les transitoires
et te permet d’ajouter ou d’enlever de l’attaque et du release directement sur ta source. C’est magique mais à utiliser avec finesse.
Voila ce que je peux te dire avec les informations que tu m’as données.
Bon travail !
François
bonjour , pour enregistrer ma batterie j’utilise un mac book pro , une table/carte alesis multimix 16 firewire et un kit de micro T-bone DC 1500 . Je démarre dans l’enregistrement. J’arrive a obtenir plutôt bon pour l’ensemble de mon kit , cependant je ne trouve aucune solution pour régler un problème persistant au niveau de la grosse caisse . Apres chaque prise, pendant l’écoute de l’ensemble puis en solo de la grosse caisse , elle semble étouffée et manque totalement de puissance . Si vous aviez un ou deux conseil a me donner , je vous e serait vraiment reconnaissant .