Audiofanzine, un des site référent en France sur le son et la musique, a eu l’excellente idée de réaliser une petite série de vidéos pédagogiques que je trouve très enrichissantes. En route, en studio avec George Massenburg !
Dans cette série de vidéos, George Massenburg (ingénieur du son célèbre et connu pour son invention de l’égaliseur paramétrique : découvrez ici sa page Wikipédia) nous livre ses secrets de productions et son expérience d’ingénieur du son. Si vous ne les avez pas encore vues, voici la première vidéo consacrée à la prise de son de batterie :
Ce que l’on peut retenir de cette 1er vidéo de George Massenburg consacrée à la prise de son de batterie
Le groupe évoqué dans cette vidéo a un son de batterie plutôt clean, punchy, avec des frappes nettes.
Ce que George souhaite réaliser, c’est une prise de son de batterie avec une belle image stéréo, une caisse claire et un kick précis et une bonne définition, il va utiliser 2 techniques différentes pour la prise de son de la caisse claire et du Charley
Le son des Overheads :
George : “En général, on commence par les Overheads (micros placés au dessus de la batterie). En général, beaucoup des jeunes ingénieurs du son placent les micros de batterie à gauche et à droite de la batterie, juste au dessus des cymbales… C’est dommage ! Ce qui est important dans un son Rock, c’est d’avoir un Kick solide et une caisse claire au centre de l’image. Si c’est ce que l’on veut, il va de soit qu’il faudra donc placer les overheads à équidistance, si possible, du kick et de la caisse claire. De cette manière, on aura un bon équilibre gauche droite, une bonne balance, une image stéréo bien centrée. La position qu’il nous montre dans cette vidéo a notamment été popularisé par l’ingénieur du son Bill Schnee. Voici ses conseils :
- Ecouter les overheads : Il est plus important d’écouter la position des micros depuis la cabine d’écoute, plutôt que de les positionner à l’intuition, à la vue, en imaginant comment cela va sonner !
- Les déplacer après les avoir écouté (si le son ne convient pas bien entendu)
- Se laisser guider par ses oreilles
- Réduire l’image stéréo en rapprochant les micros, ou l’élargir en les éloignant
George : “si vous éloigner vos 2 micros Overheads, forcément, l’un des 2 sera de plus en plus proche du TOM basse. Attention : au plus il est proche du Tom, au moins le son du Tom Basse sera “gros”. Si vous souhaitez un gros son de tom Basse, attention donc à ce que l’un des 2 micros des overheads ne soit pas trop proche du Tom Basse. “Proche = petit son, et loin = gros son”. Sur la vidéo, George utilise aussi un micro pour récupérer un peu d’attaque du Tom basse, l’Overhead fera le reste…
Le son de caisse claire :
Georges nous parle de son confrère Gabriel Roth qui a beaucoup cherché et expérimenté de façon à obtenir un son à l’ancienne à la Johnny Otis, à la Stax Records, ou les gars de Stax : Otis Redding, Booker T and the MG’s, Sam and Dave. Chez ces artistes, Il y a ce son de batterie qui est à la fois simple, clair et fascinant… Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à l’époque, ils n’avaient pas beaucoup de micros, ils devaient donc faire avec les moyens du bord, voici ce que disaient les ingénieurs au batteur : “Tu vois cette symbole ride ? N’en joue pas : on n’a pas de micro pour ça”
George : “Ce son de batterie, d’après les notes des ingénieurs de l’époque, n’est rien d’autre que l’addition d’un micro à ruban sur le kick et d’un micro à ruban placé entre la charley et la caisse claire (un Royer)”
George : “Ils obtenaient leur son en trouvant la position qui permette de reprendre le charley et la caisse claire avec ce son fabuleux, gros et plein sur la caisse claire, et un bon son sur la Charley, sans recourir à de multiples micros, et sans se douter à quel point ils étaient dans le juste”
Voici quelques conseils donnés par George Massenburg pour prendre le son de la caisse claire :
- On peut contrôler notre son de caisse claire en élevant ou en abaissant le micro placé au dessus de la caisse claire.
- Si on met les 2ème micro juste sur la partie latérale de la caisse claire (5:38), au lieu de le mettre dessous, on évite l’annulation de phase entre le dessus et le fond; et on obtient un son énorme, sans aucun EQ 🙂
- En général, il s’agit souvent d’un micro dynamique de type SM57 (Georges utilise aussi souvent le Sennheiser MD441), en le montant ou le descendant, on obtient plus ou moins de fût et les résonances du cerclage
Dans cette vidéo, Georges veut essayer la technique du micro à ruban (évoquée ci dessus) entre la caisse claire et la charley, c’est donc une option supplémentaire qu’il prend :
- Ce qui va être plus délicat : trouver la position idéale du micro à ruban, ou cette résonance est annulée : Or, Vu qu’il est bi-directionnel, ces ondes du dessus et du dessous ne s’annulent pas, elles se réunissent au niveau du ruban.
- Nous obtenons donc un son de caisse claire sur le bord et le son de la charley ! (l’expérience à donc bien marché pour Georges ce coup ci)
George :
“Je ne vais jamais dans un studio sans y expérimenter quelque chose, car ça devient juste ennuyeux si vous ne le faites pas”
“Allez y à l’oreille, vous retomberez toujours sur vos pieds”
Nous avons donc un son ultime puisque nous avons d’une part :
- une config caisse claire / Charley avec un SM57 et un DPA 4011
- et que nous avons d’autre part une config caisse claire / Charley qui se résume au Royer !
- Et nous finirons par utiliser les 2, ou peut être qu’au mixage, nous utiliserons que l’une ou l’autre de ces 2 configurations 🙂
Le truc cool avec une configuration de micros minimaliste : Au moins on a de micros, au moins on a des chances d’avoir des annulations de phase !
Le son de grosse caisse :
- Il n’y a rien de moins productif que d’essayer d’égaliser un kick pour qu’il soit énorme…
- Ce n’est pas comme ça qu’on fait !
- Vous devez définitivement faire cela en vous servant du positionnement des micros et de la pièce (contexte environnant le kick)
- Il obtient ici le son de grosse caisse en combinant plusieurs micros
- Un heureux hasard avec le matériel qu’on lui a fourni : il a utilisé un micro Audix D6 avec lequel il n’avait jamais travaillé
- Il a choisi avec ce micro un D12 (ancienne version du D112) pour le claquant et le punch. (le Audix est super mais il a quand même choisi le D12 quand même)
- Enfin, le Woof (l’extrême bas), il utilise un U47 FET qui n’a pas beaucoup de punch mais qui donne une belle dimension aux premières octaves (il le déplace d’avant en arrière, jusqu’à ce que ces 2 micros mixés ensemble, avec la combinaison d’annulation de phase du bas de la grosse caisse, et sa résonance, fassent ressurgir le corps de la grosse caisse. Il conseille le rapproche et l’éloigne pour trouver le son
- Ce qu’on peut faire ensuite sur notre logiciel d’enregistrement (Logic, Protools, cubase…), c’est ajuster le temps de retard, et avancer ou reculer le kick…
Conclusion :
Encore une fois, c’est une leçon d’humilité que l’on reçoit dans le témoignage de ce grand monsieur qu’est Georges Massenburg. Si je devais résumer cette vidéo :
Expérimentez, écoutez, essayez, ayez confiance en vous, sans avoir peur de vous tromper (les techniques évoquées dans cet articles ne fonctionneront pas dans 100% des cas) et prenez du plaisir lors de vos séances de prises de son 🙂
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